Crise du corona : aperçu et perspectives

Préparer votre avenir Corona Investir Budget – 09 avril 2020

On peut diviser en deux grands épisodes ces quatre dernières semaines sur les marchés financiers. Une première phase incroyablement turbulente, avec des baisses rapides et vertigineuses. Et une deuxième phase, où les interventions des banques centrales et des autorités ont ramené une tranquillité relative. La question toutes les lèvres : « Que nous réserve l’avenir ? » Il est peut-être trop tôt pour se prononcer. Mais il y a déjà quelques pistes. Explorons-les dans ce blog.

Article rédigé sur la base des informations au 7 avril 2020.

Phase un : des turbulences inouïes

corona et perspectives économiques
La première phase de la crise du corona a suscité une nervosité inédite sur les marchés financiers.

Après une première réaction sereine aux cas de COVID-19 en Chine, les marchés financiers ont rapidement compris que les contaminations en Europe et aux États-Unis, tout comme en Chine, ne pourraient être limitées qu’avec des mesures drastiques, qui ralentiraient considérablement l’économie mondiale pendant un bon moment. Les marchés sont partis du principe, à juste titre comme on l’a vu très rapidement, que celles-ci entraîneraient un chômage important, de fortes baisses des bénéfices des entreprises, un recul des investissements, etc.

Les acteurs financiers n’ont pas non plus de prise sur la situation. Quel degré de gravité va-t-elle atteindre ? Combien de personnes vont mourir ? Quelle est la contagiosité du virus ? Pourquoi n’y a-t-il pas de vaccin ? Et qu’en est-il vraiment des masques ? Les messages alarmants se succèdent dans la presse, créant beaucoup d’insécurité.

Les inquiétudes boursières qui en ont découlé, et même de la panique, furent sans précédent, mais compréhensibles. Beaucoup de participants du marché ont décidé de ne pas prendre de risque et ont liquidé leurs actions. D’autres ont été contraints de vendre parce que leurs clients exigeaient leur argent ou parce qu’ils recevaient des margin calls (messages indiquant qu’il n’y a plus assez de capital disponible pour maintenir une position en actions).

Le marché obligataire d’entreprise a été perturbé, plus rien ne semblait tourner rond. Le tout a encore été renforcé par les fameux algorithmes, des modèles informatiques pouvant accélérer les ventes, mais aussi les achats.

Cela a créé un effet boule de neige typique en bourse, avec les conséquences que l’on connaît. Jamais les bourses d’actions ne se sont effondrées si vite. En quelques jours, des milliards sont partis en fumée.

Si la correction a été si rapide et si intense, c’est aussi parce que certaines bourses, aux États-Unis par exemple, avaient noté auparavant des niveaux record et qu’une croissance économique relativement positive s’était traduite dans les cours de la bourse. En Europe aussi, la croissance économique avait repris, et les cours en avaient profité. Mais un terme brutal a été mis à cette situation.

Phase deux : les banques centrales et les autorités interviennent (avec succès)

Les banques centrales et les autorités ont tiré les leçons de la crise financière de 2008. À l’époque, elles avaient renâclé à prendre des mesures pour sauver la crise. Mais au final, tous les moyens ont été mis en œuvre, ce qui a redonné de l’oxygène à l’économie et calmé les marchés.

Mais cette fois, elles n’ont pas réagi de la même façon. La banque centrale américaine, la Federal Reserve (FED), a réagi très vite et de manière forte, en lançant un tsunami de liquidités sur les marchés. Et ses interventions précises pour certains éléments spécifiques du marché se sont avérées cruciales. La FED est ainsi intervenue rapidement sur le marché obligataire d’entreprises, menacé de blocage, pour le remettre à flot. Elle a soutenu le marché repo (marché monétaire pour les grandes entreprises ou banques pour les crédits à très court terme) et a commencé, via un programme renouvelé de quantitative easing (assouplissement quantitatif), à acheter sans limite des obligations. Objectif : injecter de l’argent dans l’économie. Les taux d’intérêt à court terme ont été mis à zéro quasiment immédiatement. La Banque Centrale Européenne (BCE) et presque toutes les banques centrales du monde ont pris de telles mesures.

Les interventions très rapides, ciblées, massives et fermes des banques centrales sont sans précédent. Les marchés ont reçu le signal très clair que quoi qu’il arrive, les banques centrales sont prêtes à les aider. Tous les observateurs du marché sont d’accord sur le fait que les banques centrales ont très bien joué leur rôle.

Les autorités mettent considérablement la main à la poche dans le monde entier et leurs interventions sont vraiment déterminantes. Les mesures prises pour lutter contre le corona ralentissent considérablement l’économie, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Dans certains secteurs comme l’horeca, les événements, l’aviation, etc., il est même question d’un véritable arrêt, que seules les interventions des banques centrales peuvent résoudre. Le gouvernement doit fournir de l’oxygène via des interventions fiscales et d’autres mesures.

Et c’est ce qui s’est passé et pas qu’un peu. Aux États-Unis, le Congrès a approuvé à l’unanimité un plan de sauvetage de 2.000 milliards de dollars. L’impensable s’est même produit dans ce pays ultralibéral : les familles ont reçu 3.000 dollars en liquide pour les dépanner. En Europe, les entreprises et familles sont soutenues aussi par des mesures fiscales, tant en France qu’en Allemagne, en Grande-Bretagne… En Belgique, les banques autorisent les emprunteurs à reporter le paiement de leur crédit hypothécaire. Une mesure vitale pour beaucoup, vu le nombre de personnes en chômage temporaire ayant perdu une partie de leurs revenus. La semaine dernière, la Commission européenne, la grande absente du terrain de jeu jusqu’à présent, parlait d’un nouveau plan Marshall.

Et ces réactions ne sont pas les dernières. Une fois que le véritable impact de la crise sera établi, de nouveaux programmes seront sans doute annoncés. Le président américain Trump a déjà fait comprendre auparavant qu’il allait lancer un programme jamais vu, pour moderniser les vieilles infrastructures publiques américaines obsolètes. Nul doute que ce sera un ‘big’ programme, cette fois encore.

Conclusion : grâce aux interventions rapides et ciblées des banques centrales et des autorités, le calme est revenu sur les marchés financiers. Il devient possible d’imaginer qu’une fois que l’épidémie de corona sera derrière nous, tout sera prêt pour restaurer l’économie. Cette perspective, cette confiance, est cruciale pour la reprise économique et des marchés financiers.

La confiance des marchés se reflète notamment dans l’index VIX (index de la volatilité sur le marché), qui a atteint des sommets inégalés en pleine crise. L’index VIX a baissé quelque peu lorsque les interventions du gouvernement ont été annoncées. Notons toutefois que l’index VIX est toujours haut actuellement, ce qui indique que les marchés n’ont pas encore retrouvé leur sérénité.

Phase trois : et maintenant ?

corona perspectives économiques

Selon AXA Investment Managers, il importe de noter que la restauration des marchés financiers est entièrement imputable à la réaction politique des autorités et pas à une amélioration significative des perspectives fondamentales à court terme de l’économie, ou encore aux bénéfices des entreprises.

Le sentiment des marchés financiers dépendra surtout, dans le futur, des chiffres qui démontrent si les mesures prises pour endiguer le COVID-19 sont efficaces ou non. Car si elles sont efficaces, les mesures pourront être levées et l’économie retrouvera progressivement un niveau plus normal.

La Chine en donne l’exemple. Les chiffres récents en Italie sont encourageants aussi, mais d’autres pays encore semblent faire baisser la courbe de l’infection.

Un aplanissement de la courbe de l’infection se traduira en relief rally, une hausse temporaire de la bourse, parce que les données entraînent un soulagement. On voit que c’est ce qui se passe. Le 6 avril, les bourses américaines ont soudainement augmenté de 8 % en raison de la baisse du nombre d’infections. Mais il est prématuré de parler de reprise définitive, car les marchés restent très sensibles aux nouvelles, positives comme négatives…

Les données économiques concrètes détermineront la direction sur les marchés. Mais les résultats d'exploitation, et surtout les prévisions que les entreprises rendront publiques dans ce nouveau contexte économique, seront également décisifs. Quels seront leurs bénéfices à l’avenir ?

Ce qui est certain, c’est que les bourses d’actions ont répercuté, aujourd’hui déjà, une récession manifeste dans les cours. Et c’est déjà beaucoup.

Santé de l’économie à court terme ?

Cela prendra encore un peu de temps avant de pouvoir mesurer l’impact précis sur l’économie à court et à long terme. Les chiffres en la matière n’ont pas encore été publiés.

Les chiffres chinois sont encourageants : les mesures de confinement ont été fortement assouplies et la vie normale reprend peu à peu son cours. Les données en Chine sont positives, mais prudentes. Le Purchasing Managers Index (ou index des managers d’achat), qui illustre la confiance des responsables des achats dans les entreprises, confirme que l’économie chinoise ne recule plus. Mais la reprise semble plutôt modérée, par exemple en comparaison avec fin 2008. Nous devons noter également que certaines mesures pour endiguer le virus, après un premier assouplissement, ont été à nouveau renforcées.

Les États-Unis ont également pris des mesures de confinement. Mais la décision est tombée très tard et plus le lockdown est décidé tard, plus longtemps les mesures de confinement doivent rester en vigueur. L’économie croule sous le poids de ces mesures. En hésitant, les États-Unis n’ont fait que prolonger la situation difficile dans laquelle se trouve l’économie. Reste à attendre de voir comment celle-ci va évoluer.

Le vendredi 3 avril a été publié le rapport provisoire des emplois aux États-Unis. En mars, plus de 700.000 emplois ont été perdus, portant le taux de chômage à 4,4 %. Et ce n’était que le début.

Comment l’économie va-t-elle évoluer ?

Entre-temps, les économistes essaient de prévoir comment l’économie va se comporter à moyen et plus long terme.

Nous manquons de chiffres concrets en ce moment, et nous devons nous contenter de pronostics ou d’estimations.

AXA Investment Managers pense que la reprise économique va prendre plusieurs trimestres. Un tel trajet de reprise s’illustre par la lettre majuscule U. Une baisse très rapide, suivie par une reprise très rapide, s’illustre par la lettre majuscule V. Mais il n’est pas question d’une telle reprise.

AXA Investment Managers se base sur un certain nombre de suppositions pour obtenir une image de l’économie.

1. La consommation

Depuis le confinement, les possibilités de dépenser de l’argent sont limitées. Ce qui peut donner lieu à une accumulation temporaire d’épargne sur les comptes, qui ne sera pas nécessairement dépensée tout de suite lorsque le confinement sera levé. L’expérience chinoise en dit long à ce sujet. La consommation de certains produits est toujours nettement plus réduite que le niveau normal : les réservations dans les restaurants représentent toujours une fraction de ce qu’elles étaient avant l’épidémie et les ventes d’automobiles ont chuté de 40 %. Nous devons donc au moins partir du principe que les nouveaux comportements ne disparaîtront pas en quelques jours ou semaines.

2. Le comportement d’épargne

Plus fondamentalement, AXA IM ne peut pas exclure que cette crise ait une influence sur la façon dont nous épargnons. Même si les autorités sont intervenues très rapidement, il existe quand même une possibilité que les ménages concluent que c’est une bonne idée de constituer une bonne réserve de liquidités. Il faut aussi tenir compte de l’impact négatif de la crise sur les prix des actifs. Surtout aux États-Unis. Plus les prix de l’immobilier sont chers, plus les Américains se sentent riches et plus la consommation est importante. Aux États-Unis, le consommateur est également sensible à la valeur des autres actifs, comme ses actions, la valeur de son fonds de pension… Tout cela a un impact sur le modèle de consommation. 

3. Investissements

AXA IM pense que cette incertitude économique mondiale va pousser de nombreux entrepreneurs à rester dans l’expectative. L’organisation attendra au moins la deuxième moitié de l’année pour estimer plus précisément si le virus est endigué, et comment les mesures seront gérées.

Mais elle décidera peut-être de rester dans l’attente et de remettre en question ou d’adapter sa stratégie. Il y a de fortes chances que certaines entreprises envisagent de changer leur lieu de production. Les entreprises occidentales voudront-elles encore produire outre-mer ou préféreront-elles rapprocher leur processus de production ? Ou déménageront-elles leurs centres de décision plus près de leurs marchés ayant le plus grand potentiel de croissance ? Et pendant qu’on y réfléchit, les décisions d’investissement sont gelées.

AXA IM suppose que le choc actuel sur la position financière de nombreuses entreprises laissera des cicatrices définitives sur le modèle d’investissement de celles-ci.

Que pouvons-nous conclure à présent ?

1. Les premières semaines de mars, nous avons connu une situation boursière très turbulente.

2. Un calme relatif est revenu sur les marchés grâce aux mesures rapides et fermes des banques centrales.

3. Les autorités font tout pour soutenir l’économie, avec notamment des mesures fiscales.

4. AXA IM songe à une 'reprise U', qui pourra prendre quelques trimestres.

Comment devez-vous réagir à l’évolution sur les marchés financiers ?

Gardez votre calme en tout cas. Prenez vos décisions en connaissance de cause. Les fortes baisses des marchés boursiers peuvent être une opportunité pour les investisseurs à long terme. Ou démarrez avec un plan d’investissement, par exemple.

Discutez de votre situation personnelle avec votre Agent bancaire AXA. Il ou elle est la mieux placé(e) pour vous donner des conseils dans ce contexte.

Avertissement : cet article ne constitue pas un conseil en investissement selon le droit financier.

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