La crise en Ukraine : correction des marchés financiers

Préparer votre avenir Actualités Investir – 21 mars 2022

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a été accueillie avec effroi par la communauté internationale. Des millions de personnes ont pris le chemin de l'exil, l'Europe est à deux doigts d'un conflit de grande envergure. Cette incertitude pèse de tout son poids sur les marchés financiers. Et bien qu'il n'y ait rien de plus précieux qu'une vie humaine, nous estimons qu'il est de notre devoir d'informer correctement nos lecteurs de l'impact économique de cette crise.

Les sanctions mondiales infligées à la Russie se font aussi sentir chez nous

crise Ukraïne inflation 
Avant la crise ukrainienne, l'espoir de nous rapprocher d'un 'pic d'inflation' et d'assister peu à peu à une baisse de certains prix était bien réel. Aujourd'hui, cet espoir s'est envolé : l'inflation menace encore de s'envoler et de s'installer.

La guerre fait à présent rage depuis trois semaines. Les Russes pensaient mener une "Blitzkrieg", mais l'invasion s'enlise et nous sommes toujours partagés entre l'espoir d'un cessez-le-feu et d'une amorce de négociations de paix et la crainte d'une guerre d'usure lente et féroce qui pourrait encore amener son lot de souffrances.

L'Occident n'a pas tardé à annoncer d'une même voix une vague de sanctions économiques lourdes visant à faire pression sur Moscou. Les répercussions immédiates ne se sont pas fait attendre. Le rouble russe a subi l'effondrement le plus brutal de son existence ; la Bourse de Moscou reste fermée à titre de précaution (cette Bourse minuscule à l'aune des normes internationales représente à peine 0,3 % du marché mondial des actions).

Contre toute attente, même la sanction économique la plus lourde, l'exclusion des banques russes du système interbancaire mondial SWIFT, a été approuvée. La Russie se retrouve ainsi quasi totalement isolée de l'Occident sur le plan économique. Seuls les robinets de gaz et de pétrole restent ouverts, alors même que les États-Unis et le Royaume-Uni annonçaient déjà qu'ils ne tarderaient pas à proscrire les importations de pétrole russe.

Une démarche aussi lourde de conséquences n'est pas encore d'actualité pour l'Europe, mais la tendance se dessine clairement. Le marché du pétrole est appelé à se contracter dans les années à venir et nous devrons nous accommoder de la flambée des prix du pétrole et de leur évolution en dents de scie.

La Russie, grand fournisseur d'énergie, nous approvisionne aussi en  matières premières diverses  : le titane (un métal irremplaçable, utilisé notamment dans l'industrie aéronautique), le palladium, le néon (utilisé dans la production des semi-conducteurs) et autres matières premières cruciales.

Comme l'Ukraine, la Russie est le principal exportateur de céréales au monde (de nombreux pays du Moyen-Orient doivent leur survie aux importations de céréales ukrainiennes et russes) et un acteur dominant dans les matières premières agricoles telles que le nitrate de potassium, un ingrédient indispensable dans les engrais artificiels. 

Autant d'éléments qui s'inscrivent largement dans une même tendance. L'inflation, déjà spectaculaire avant la crise ukrainienne (l'indice des prix à la consommation affiche aujourd'hui une hausse de 8,04 % par rapport à l'an dernier), menace encore de s'envoler et de s'installer.

Avant la guerre, l'espoir de nous rapprocher d'un 'pic d'inflation' et d'assister peu à peu à une baisse de certains prix (par exemple ceux de l'énergie) était bien réel. Aujourd'hui, cet espoir s'est envolé. C'est un premier effet secondaire économique majeur de la crise en Ukraine.

Aux banques centrales de jouer

L'inflation galopante actuelle a contraint la Banque centrale européenne (BCE) à opérer des choix douloureux. Jusqu'à présent, elle avait adopté une politique tolérante face à l'accélération de l'inflation dans la zone euro, pour ne pas freiner la timide relance économique qui a suivi la pandémie de Covid-19.

Les pays méditerranéens, plombés par leur endettement, ont particulièrement besoin de ce ballon d'oxygène de la BCE. Mais la guerre risque de ralentir l'économie européenne dans les prochains  mois. Le coût exorbitant de l'énergie pousse les consommateurs à réduire leurs dépenses. Les entreprises doivent faire face à un accroissement de leurs frais, qu'elles ne peuvent pas répercuter intégralement. L'incertitude liée à la guerre engendre l'attentisme.

En même temps, l'inflation culminera encore pendant un certain temps à un tel niveau que la BCE ne pourra rester indifférente. Lors de sa réunion du 10 mars, la BCE a clairement laissé entendre qu'elle se préparait à relever les taux plus tard dans l'année. Un ou deux relèvements des taux en 2022 constituent une perspective réaliste. Au vu du niveau élevé de l'inflation, il s'agit plutôt de démarches symboliques, mais la BCE ne peut se permettre d'agir avec plus de fermeté sur l'inflation.

Aux États-Unis, la Banque centrale américaine (la Fed) est confrontée à une situation similaire, à la seule différence - essentielle - que l'économie américaine est nettement moins touchée par la guerre en Ukraine.

En effet, les États-Unis peuvent compter sur une production d'énergie domestique considérable, qui leur permet notamment de maintenir les prix du gaz à un niveau nettement inférieur.

D'autre part, la croissance économique et le marché du travail affichent une solidité exceptionnelle. La demande des consommateurs atteint des sommets. Et les entreprises ne parviennent pas à répondre à cette demande. Il en résulte une montée en flèche de l'inflation, qui est aussi plus tenace et plus largement ancrée qu'en Europe. Pour la Fed, la nécessité de relever les taux ne fait dès lors aucun doute, et le premier relèvement a eu lieu le 16 mars.

Nous nous attendons dorénavant à ce que la Fed relève les taux à chacune de ses réunions cette année (il y en a encore six au programme), et continue sur sa lancée en 2023, en route vers les 2,75 %. Ce qui représente un rythme assez soutenu dans le relèvement des taux.

La Fed reconnaît donc la nécessité de prendre le problème de l'inflation à bras-le-corps.  Tout en donnant le signal que l'économie américaine est assez robuste pour supporter une hausse des taux. Pourquoi est-ce important ? La Fed exprime ainsi son espoir d'un atterrissage en douceur de l'économie. Ce qui est positif pour les marchés financiers, qui n'ont eux aussi de cesse que de juguler l'inflation, tout en évitant l'effondrement de l'économie.

La Chine, enfin, doit faire face à ses propres défis. La recrudescence des contaminations au coronavirus, la crainte des effets néfastes de la guerre contre l'Ukraine (l'Occident a brandi la menace de mesures si la Chine aidait la Russie à éviter les sanctions) et les séquelles de la main de fer avec laquelle le gouvernement chinois s'immisce régulièrement dans la vie économique ont déclenché une déferlante de ventes d'actions chinoises.

Liu He, le vice-premier ministre et le plus haut fonctionnaire économique de Chine, a assuré que la Chine était disposée à prendre les mesures de soutien 'favorables au marché' qui s'imposeraient. Cette nouvelle a induit le plus grand 'rallye de soulagement' au niveau des actions chinoises depuis la grande crise financière de 2008.

Conclusion

La volatilité sur les marchés financiers persistera encore un certain temps. Tant que durera la guerre en Ukraine, la réaction des différents acteurs des marchés financiers sera sans nul doute entachée d'incertitude. L'imprévisibilité du président russe Poutine rend les marchés particulièrement nerveux. Mais la lutte contre l'inflation – la priorité numéro un – s'organise. Elle pourrait engendrer une certaine stabilité. Et c'est ce que les marchés espèrent.

Comment réagir au mieux à cette situation ?

  • Ne vous laissez pas influencer par les messages des médias, qui amplifient le conflit et ses répercussions sur la Bourse.
  • Gardez la tête froide et ne vendez jamais sous l'effet de la panique. La panique est mauvaise conseillère. Vous avez des doutes ? Commencez par contacter votre agent bancaire AXA pour avoir un entretien avec lui.
    Pensez long terme. Vous investissez pour plusieurs années, pas pour quelques jours, semaines ou mois. Si les marchés sont dans la tourmente, concentrez-vous sur vos objectifs à long terme. Les gestionnaires de fonds d'AXA Investment Managers et d’Architas sont des experts. Ils suivent les marchés financiers pour vous et gèrent vos fonds d'investissement avec grand professionnalisme. 
  • Vous envisagez de profiter de cette correction pour vous lancer sur les marchés ? Une constitution progressive de votre investissement pourrait vous intéresser. Abordez les opportunités avec votre agent bancaire AXA. Votre agent vous assistera volontiers !

Article rédigé sur la base des informations disponibles au 17 mars 2022.

Attention : cet article ne constitue nullement un avis de placement au sens du droit financier

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