Guerre en Ukraine : impact sur l’économie en mars 2022

Préparer votre avenir Actualités Investir – 13 avril 2022

Le conflit fait rage en Ukraine. À côté du drame humain, les banques centrales et décideurs économiques du monde entier (notamment la Réserve fédérale américaine) s’organisent. En forte hausse : le prix de l’énergie et l’inflation. En baisse, la confiance et la demande des ménages. Avec des accents particuliers selon la zone géographique. Analyse.

Des signes de fébrilité, surtout en zone euro, commencent à apparaître en mars 2022.

L’invasion de l’Ukraine a débuté le 24 février dernier et les conséquences sur nos économies continuent de se faire ressentir, en particulier à travers la forte hausse des prix de l’énergie.

Malgré un soutien budgétaire non négligeable depuis le début de la crise énergétique, les enquêtes de conjoncture commencent à montrer des signes de fébrilité, surtout en zone euro.

Zone euro : analyse du choc et réactions

En zone euro, on commence à avoir des données sur l’impact du choc. L’activité dans le secteur manufacturier a plutôt bien résisté, comme le démontre l’indice PMI manufacturier synthétique qui s’est établi à 56,5 contre 57 auparavant.

Toutefois, les entreprises font état d’une dégradation des nouvelles commandes et d’un allongement des délais de livraison.

Du côté de la demande, la chute est plus notable. L’indice de confiance des ménages a plongé à -18,7 (-8,8 en février), sa plus forte chute depuis mars 2020.

Toutes les composantes ont été impactées négativement, que ce soit les anticipations d’activité économique, la situation financières des ménages dans les 12 prochains mois, la hausse de l’épargne de précaution mais aussi les anticipations de chômage (qui restent néanmoins bien en deçà de leur moyenne de long terme).

L’inflation a encore progressé sur un an. Elle s’établit à 7,5 % en g.a contre 5,9 % en février, dont 4,5 points de pourcentage provenant de l’énergie et de l’alimentaire. La plupart des États membres ont mis en place des mesures de soutien, via :

  • la baisse temporaire de taxes ;
  • des rabais sur les prix à la pompe ;
  • des chèques « énergie » ;
  • ou des mesures ciblées aux secteurs les plus touchés.

Au total, depuis l’automne, les mesures adoptées par les quatre plus grands pays de la zone euro représentent environ 1,1 % du PIB.

Union européenne : sanctions, élection…

Au niveau politique, l’Union européenne a mis de nouvelles sanctions en place contre la Russie. Elle s’est engagée à réduire drastiquement sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie dès la fin 2022 (RePower EU).

En France, le premier tour des élections présidentielles a eu lieu le 10 avril. L’abstention pourrait être un facteur clé pour le duel Macron - Le Pen au second tour, d’autant plus que les derniers sondages suggèrent un resserrement.

États-Unis : la Fed aux manettes

Aux États-Unis, l’exposition reste limitée et la confiance des ménages demeure résiliente. Partout, la forte hausse de l’inflation continue de rogner le pouvoir d’achat des ménages et fait peser le risque d’une décélération importante de l’activité économique dans les prochains mois, d’autant plus que les banques centrales ont durci leurs positions.

S’ils sont moins exposés au conflit en Ukraine, les États-Unis doivent tout de même affronter un nouveau choc d’offre qui pourrait accélérer le ralentissement de l’activité. Pour l’instant, les enquêtes de mars restent très bien orientées, que ce soit dans le secteur manufacturier (indices manufacturiers ISM PMI : 57,1 contre 58,6) ou dans l’enquête de confiance des ménages (107,2 contre 110,5).

Le taux de chômage a même continué sa décrue pour s’établir à 3,6 % contre 3,8 % en mars.

La hausse des rémunérations se poursuit (5,6% en g.a contre 5,2 % en février), mais le pouvoir d’achat continue de se contracter. En effet, l’inflation s’est établie à 7,9 % en g.a en février et devrait certainement encore augmenter en mars.

La Réserve Fédérale (Fed) a adopté un discours beaucoup plus agressif vis-à-vis de l’inflation et un resserrement plus fort des conditions financières est à prévoir dans les prochaines semaines.

La Fed anticipe désormais un taux directeur à [2-2,25 %] d’ici fin 202. En parallèle, la Réserve fédérale s’apprête à dévoiler la façon dont elle souhaite normaliser la taille de son bilan.

Pression des prix de l’énergie au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l’impact principal se fait aussi ressentir via la hausse des prix de l’énergie. En février, l’inflation s’est établie à 6,2 % mais elle est attendue en forte hausse en mars et devrait s’établir autour de 8 % en avril. Cela a d’ores et déjà un impact sur les ventes au détail, déjà en baisse en février (-0,3 % en g.m).

La demande domestique devrait continuer à souffrir dans les prochains mois, d’autant plus que les soutiens budgétaires annoncés sont limités.

La Banque d’Angleterre a encore augmenté ses taux directeurs en mars jusqu’à 0,75 % et AXA Investment Managers en anticipe encore deux supplémentaires avant la fin de l’année.

Chine : le covid pèse sur toute l’économie

La Chine fait face à une recrudescence très forte de la pandémie et a décidé de confiner successivement plusieurs grandes villes/provinces comme Shenzhen ou Shanghai.

Ainsi, la détérioration de l’activité au niveau domestique est inévitable mais cela fait aussi peser des risques importants sur les chaines d’approvisionnements au niveau mondial. Des mesures de soutien sont attendues mais leurs teneurs restent pour l’instant inconnues.

Japon rime avec reflation

Le Japon est, lui aussi, en train de vivre sa période de « reflation » (inflation après déflation), même si celle-ci est presque exclusivement alimentée par la hausse des prix de l’énergie et la chute du yen.

La Banque du Japon met tout en œuvre pour maintenir le caractère très accommodant de sa politique monétaire, comme en témoignent les récentes annonces d’achats « illimités » à prix fixes sur le marché des obligations japonaises. Objectif : maintenir leur contrôle sur la courbe des taux.

Article rédigé sur la base des informations disponibles au 4 avril 2022.

Attention : cet article ne constitue nullement un avis de placement au sens du droit financier.

Conseils et questions sur nos produits

Contactez votre Agent bancaire AXA

Plus d'articles à ce sujet

Épargne-pension : 1.020 ou 1.310 euros ?

Vous pouvez choisir d’épargner un maximum de 1.020 ou de 1.310 euros par an pour votre pension, et bénéficier d’une déduction fiscale différente. Que devez-vous faire si vous optez pour le montant maximal le plus élevé ? Et quelle est l’option la plus avantageuse : 1.020 ou de 1.310 euros par an ?

Plus d'infos

Macroéconomie : vers un atterrissage brutal ou en douceur ?

Après l'année 2022 pour le moins turbulente, l'année 2023 a été annoncée comme celle d’un retour à la normalité sur les marchés. Une promesse qui s'est jusqu'ici réalisée en grande partie. Les actions ont connu un excellent premier semestre et les obligations, lourdement affectées pendant la crise, ont pu récupérer une partie des pertes essuyées.

Plus d'infos

Investir durable : quelles sont vos préférences ?

Vous êtes plutôt mer ou montagne ? Voiture thermique ou électrique ? La protection de la planète dans tous ses aspects est un sujet qui vous touche, un peu, beaucoup ou pas du tout ? En matière d’investissement durable, votre agent bancaire souhaite connaitre vos préférences, pour que votre portefeuille corresponde le plus possible à votre profil d’investisseur, dans le respect d’une réglementation européenne d’août 2022. Nous avons à votre disposition une brochure à ce sujet, écrite dans un langage clair.

Plus d'infos

Perspectives macroéconomiques pour l'été : inflation en baisse et croissance économique faible

L'inflation a entamé un net recul dans les principales économies. Même si toutes les inquiétudes ne sont pas dissipées, les investisseurs considèrent que le problème de l'inflation est "résolu". Il s'agit peut-être d'une vision trop prospective à long terme, mais pour les mois à venir, cette évaluation est justifiée. Les prix de l'énergie sont en baisse depuis le début 2023 et seront bientôt suivis par la deuxième cause d'inflation de l'année écoulée : les prix des denrées alimentaires.

Plus d'infos

Investir : une question de connaissance ou de chance ?

« J'aimerais bien...mais je n'ai pas le temps ». Ou « Cela ne m'intéresse pas vraiment, c'est trop compliqué et je ne préfère pas me lancer ». Autant d'arguments souvent avancés pour ne pas investir. Typique, n'est-ce pas ? Ces raisons cachent cependant une présomption tacite : investir avec succès nécessite compétences, expertise et connaissances. Mais est-ce le cas ?

Plus d'infos