Après des mois d'angoisse et d'inquiétude, les investisseurs ont enfin pu se détendre lors des dernières semaines de 2022, tout comme au début de la nouvelle année. Les nuages sombres qui planaient au-dessus de l'économie mondiale depuis l'été dernier ont enfin laissé passer quelques rayons de lumière, et avant qu'il soit effectivement réalité, un rallye boursier s'amorçait. Mais repose-t-il sur des fondements solides ?
L'économie américaine : après l’inflation, une récession ?
La catastrophe énergétique évitée, l'inflation enfin en recul et les indicateurs de croissance finalement supérieurs aux attentes, a donné lieu à un solide rallye des actifs financiers européens. Les actions européennes s'en sortent mieux que leurs homologues américaines, et l'euro a même gagné du terrain face au puissant dollar.
Le pic de l'inflation est désormais devenu réalité pour les Américains. Après avoir atteint un pic cet été, l'inflation est tombée à 6,5 %. Diminution qui est amenée à se poursuivre. Comment en avoir la certitude ? Un coup d’œil sur l'évolution des prix des marchandises prouve qu'elle va rapidement diminuer. L'une des principales causes de l'inflation des marchandises, à savoir les perturbations liées à la politique Covid-19, a presque entièrement disparu. Les États-Unis, nation largement autosuffisante en matière de gaz, sont nettement moins touchés par l'inflation énergétique que l'Europe. C'est surtout la hausse des prix des services qui y est inquiétante, vu qu'elle est annonciatrice d'une inflation des salaires élevée. Une inflation qui conduit à une hausse des salaires - un cercle vicieux risque d'en découler et sera difficile à rompre. La Banque centrale américaine (Fed) souhaite d'abord avoir une confirmation que les hausses des salaires s'atténuent avant de crier victoire dans le cadre de sa lutte contre l'inflation.
La perte de rythme de l'inflation est un soulagement de taille pour les investisseurs, qui pensent que la Fed mettra bientôt un terme à sa politique de lutte contre l'inflation. Il se peut qu'ils s'emballent, mais leur conviction est soutenue par la prévision d'un refroidissement de l'économie américaine. Le repli attendu de l'activité économique devrait faire en partie les affaires de la Fed : il devrait conduire à un recul de la consommation et à une hausse du chômage, ce qui induira une disparition des pénuries sur le marché du travail et l'arrêt des hausses des salaires. En d'autres termes : le marché part du principe que la Fed ne va pas devoir passer à la vitesse supérieure pour lutter contre l'inflation, car le ralentissement de la croissance s'en occupera.
Le refroidissement attendu de la croissance n'est probablement pas encore perceptible dans les chiffres bruts. Son arrivée est surtout visible au niveau des indicateurs provisoires. Les sondages menés auprès des directeurs des achats des entreprises en sont un exemple. Leur estimation de la situation de marché, l'évolution du nombre de nouvelles commandes et autre offre un bon aperçu de la tendance économique des quelques mois à venir. De tels indicateurs signalent un prochain repli de la croissance économique américaine.
Une récession est-elle évitable ? Peut-être. Tout dépend du consommateur américain. Et jusqu'à présent, il s'en sort bien. Pourquoi ? Le marché de l'emploi est en excellente santé. Malgré quelques licenciements d'envergure par des grandes entreprises technologiques fortement mis en avant dans la presse, le taux de chômage continue d'afficher un niveau historiquement bas. Un niveau élevé de population active signifie que, globalement, une grande quantité de revenus est à dépenser et que la consommation reste à niveau.
La perspective d'une récession n'induit-elle pas un détournement des investisseurs des investissements à risque (comme les actions) au profit d'actifs moins risqués, comme les obligations ? L'on pourrait s'y attendre, mais ce n'est pas le cas. Les investisseurs restent très friands d'actions. L'inflation en rapide recul et la conviction d'une fin imminente des hausses des taux l'expliquent en partie. Le danger d'une (légère) récession n'est dans ce cadre pas vraiment perçu comme une menace, mais plutôt comme une assurance supplémentaire que la Fed va tempérer ses hausses de taux. Les investisseurs craignent aujourd'hui davantage une hausse des taux qu'un ralentissement de la croissance. De quoi rendre une mauvaise nouvelle quelque peu réjouissante.
La zone euro : un étonnant retour à l'optimisme
Le cauchemar énergétique qui menaçait l'Europe au début de l'hiver s'est bien terminé. Même si l'hiver n'est officiellement pas encore terminé, l'on peut avancer fermement qu'au printemps, les réserves de gaz constituées (à des prix très élevés) suffiront largement à faire face à une éventuelle vague de froid. Mieux encore : grâce à l'hiver particulièrement doux que nous connaissons, les stocks de gaz ont à peine été utilisés, et la constitution de réserves de gaz pour l'hiver prochain se fera très probablement nettement plus facilement qu'en 2022. Nous avons, en d'autres termes, gagné à la loterie de la météo, ce qui aura permis de considérablement soulager la pression énergétique.
La crise énergétique n'est cependant pas encore résolue. Depuis l'arrêt de l'approvisionnement en gaz russe par pipeline, l'Europe reste tributaire du gaz GNL, qui est acheminé par bateau, essentiellement des États-Unis. Le gaz GNL est plus cher que le gaz naturel, et l'infrastructure pour un remplacement total du gaz russe par le gaz GNL n'existe pas encore. Mais l'essentiel du risque s'est dissipé, ce qui a provoqué un repli inédit des prix du gaz.
L'une des principales causes du dérapage de l'inflation est ainsi en train de perdre de sa vigueur. L'inflation européenne est surtout portée par les prix de l'énergie. Grâce à leur recul, une baisse de l'inflation a également été initiée en Europe (+ 8,5 % en janvier ; pour un pic de 10,6 % en octobre). Selon les attentes, cette diminution devrait se poursuivre dans les mois à venir. En marge de l'inflation énergétique en baisse, l'inflation liée à la Covid-19 s'est elle aussi rapidement évaporée.
La Banque centrale européenne (BCE) peut-elle prochainement atténuer sa politique de hausse des taux voire y mettre un terme ? Il est probablement trop tôt pour le dire. L'inflation de base, qui ne tient pas compte de la volatilité des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, reste extrêmement élevée : +5,20 % en janvier. Cette inflation n'a pas encore amorcé de repli, signe que la tendance inflationniste qui touche l'Europe n'est pas encore prête à disparaître, et qu'il est trop tôt pour que la banque centrale crie victoire. La fin de la hausse des taux dans la Zone euro est donc loin d'être en vue.
En outre, un autre problème préoccupe la BCE : la croissance économique est plus résiliente que prévu. Jusqu'il y a peu, d'aucuns pensaient que l'économie européenne allait entrer en récession, et l'ampleur de cette chute était la seule inconnue. Mais de plus en plus d'indicateurs signalent que cette récession pourrait être évitée par une foule d’États membres de l'Union européenne, voire être limitée. Les risques d'inflation se font ressentir plus vigoureusement que la croissance redoutée, notamment grâce aux importants montants injectés par les gouvernements dans l'économie. La BCE doit dès lors rester vigilante.
Cette combinaison de facteurs favorables, la catastrophe énergétique évitée, l'inflation enfin en recul et les indicateurs de croissance finalement supérieurs aux attentes, a donné lieu à un solide rallye des actifs financiers européens. Les actions européennes s'en sortent mieux que leurs homologues américaines, et l'euro a même gagné du terrain face au puissant dollar.
Chine : un revirement à 180 degrés
Trois ans après l'éclatement de l'épidémie de coronavirus dans la province de Wuhan, la pandémie a connu un revirement dramatique en Chine. Dans le cadre de sa politique zéro Covid, le gouvernement chinois avait l'impression d'avoir un parfait contrôle sur la situation, avant que les Chinois expriment à l'automne leur mécontentement face à cette poigne de fer gouvernementale. Pratiquement toutes les mesures ont été supprimées du jour au lendemain. Résultat prévisible de cette intervention : une explosion du nombre de contaminations et de malades. La reprise de l'économie à partir de la fin du premier trimestre est un autre résultat pratiquement autant prévisible.
Sera-t-il cette fois question d'une véritable reprise chinoise, une fois encore de faux départ, comme nous avons déjà pu le vivre plusieurs fois par le passé ? Il y a de bonnes raisons de croire que cette fois-ci sera la bonne. Lors de l'important congrès économique, il a été souligné de manière surprenante que la Chine allait renouer avec un scénario de croissance. De manière surprenante car les pouvoirs publics chinois mènent depuis 2021 une politique très autoritaire, notamment axée sur la sécurité nationale et le repli des inégalités économiques. Dans ce cadre, ils n'hésitaient pas à brider les entreprises trop puissantes (comme les grandes entreprises Internet chinoises). Le gouvernement chinois admet maintenant que ces entreprises constituent un pilier de la croissance économique, et que cette croissance doit être portée au niveau supérieur.
Il ne fait aucun doute que le malaise provoqué par le coronavirus a joué un rôle de taille dans cette quête renouvelée de croissance. Mais il ne fait guère de doute que le gouvernement chinois se laissera porter par la tendance à long terme. Une chose est remarquable à ce niveau : la démographie commence à constituer un frein pour la croissance. En 2022, la population chinoise s'est pour la première fois contractée. La population active est en baisse depuis plusieurs années. Le gouvernement chinois, même s'il s'agit d'un État autoritaire, ne peut mettre la classe ouvrière (moyenne) à l'écart et doit continuer à veiller à ce que sa prospérité nouvellement acquise ne soit pas érodée par une croissance économique morose.
Pour soutenir ces ambitions, la banque centrale chinoise a injecté une grande quantité de liquidités (environ 430 milliards USD) sur le marché en décembre et janvier - un soutien monétaire qui a largement dépassé celui fourni au cours des trois dernières années de pandémie. Le fait que ce soutien ne se limite pas à des mots et des ambitions, mais que des moyens financiers soient également mis en œuvre, augmente fortement la probabilité d'une contribution de la Chine à la croissance de l'économie mondiale d'ici 2023, après une absence de trois ans.
Rédaction terminée le 09/02/2023.
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