« J'aimerais bien...mais je n'ai pas le temps ». Ou « Cela ne m'intéresse pas vraiment, c'est trop compliqué et je ne préfère pas me lancer ». Autant d'arguments souvent avancés pour ne pas investir. Typique, n'est-ce pas ? Ces raisons cachent cependant une présomption tacite : investir avec succès nécessite compétences, expertise et connaissances. Mais est-ce le cas ?
Où s'arrête la compétence, où commence la chance ?
Investir implique un facteur chance, comme nombre d'activités. Il est important que le facteur chance, ou plutôt l'élément d'imprévisibilité, soit correctement géré en respectant certaines règles et cultivant une attitude spécifique.
La vie est jalonnée de zones grises, et la différence entre compétence et chance est l'une d'elles. Parfois, la réponse est évidente. Gagner à la loterie relève entièrement de la chance - aucune expertise n'est requise (en dépit des croyances populaires et de la rationalité, comme le prouve l'encadré).
Une imprécision entoure également l'autre côté du spectre. La neurochirurgie, ou la préparation d'une sauce béarnaise, requiert des compétences, la chance n'y est pas admise. Mais l’immense majorité des activités humaines se situe entre ces deux extrémités.
Un mélange de connaissance, de compétence et de chance, dans des proportions à chaque fois différentes
Le sport par exemple. Chaque performance sportive de haut niveau est le fruit d’années d’entraînement et de perfectionnement, mais la victoire finale ne peut pas uniquement être obtenue par la compétence et l'expertise. Il faut y ajouter un élément d'imprévisibilité, notamment lié à la chance (ou à la malchance de l'adversaire). Nous vous laissons soin de déterminer exactement quels sports se situent du côté chance et du côté compétences, pourquoi pas sur une terrasse ensoleillée en compagnie de personnes partageant les mêmes idées.
Fruit du hasard... ou non ?
L'économiste Michael Mauboussin1, qui a écrit un livre très intéressant sur le sujet, cite l'anecdote du célèbre tirage de la loterie espagnole El Gordo organisé juste avant Noël. Au 1 Michael Mauboussin – The Success Equation, 2012.milieu des années 70, un participant s'est lancé dans une véritable chasse à un billet se terminant par 48. Il a gagné à la loterie et est devenu millionnaire. Quand on lui a demandé pourquoi il avait misé sur ce chiffre, il a répondu qu'il avait rêvé 7 nuits du chiffre 7, et 7 x 7 = … 48. Ce qu’il fallait démontrer !
Investir : un bon exemple
D'autres activités, plus prosaïques que le sport de haut niveau, ne relèvent pas non plus de la chance ni de la compétence, mais sont un mélange des deux. Investir en est un parfait exemple. Dans ce contexte, la compétence fait référence à une analyse approfondie, au suivi strict d'une stratégie d'investissement réfléchie, etc. La chance (ou malchance) fait référence au rôle que jouent les événements imprévisibles et incontrôlables dans la performance des investissements. Même les compétences les plus sophistiquées ont été quasiment impuissantes face aux événements de ces dernières années.
Et même en l'absence de circonstances exceptionnelles, la chance (qu'on ne peut ramener à la connaissance ou à une expertise contribuant à déterminer le succès) joue un rôle. Faisons une petite expérience de pensée. Vous avez pour mission de constituer un portefeuille d'actions à la plus piètre performance, de loin inférieure à celle du marché boursier dans son ensemble. Simple vous direz-vous. Détrompez-vous.
Les bourses (et les marchés financiers en général) ont tendance à adopter un comportement qui va fortement contre l'intuition et le bon sens. Sélectionner des mauvaises entreprises ne suffit depuis longtemps plus à composer un portefeuille peu performant. Les mauvaises entreprises, qui ne sont pas rentables et affichent une croissance lente, sont souvent très bon marché et peuvent dès lors séduire des chasseurs de bonnes affaires. Vous remarquerez rapidement que composer sciemment un portefeuille peu performant est aussi compliqué que faire de même avec un portefeuille d'actions performant. Une conclusion qui témoigne de l'importante imprévisibilité de cet exercice, et donc une sorte de chance.
Les gestionnaires de patrimoine sont-ils dès lors de simples chasseurs de chance ?
Et si investir comporte un élément d'imprévisibilité ou de chance, ne vaut-il pas mieux s'en éloigner ? Comme nous l'avons déjà évoqué, investir est l'un des innombrables domaines de la vie qui se compose d'un mélange de compétences et de chance.
Dans le cas des investisseurs professionnels en particulier, l'expertise est cruciale. Elle leur permet notamment de reconnaître les opportunités inattendues qui se présentent et d'en tirer parti, mais aussi de gérer les évolutions négatives inattendues (comme l'apparition d'une pandémie) plutôt que de les fuir (le rapide revirement positif des marchés lors de la pandémie de 2020 illustre qu'une telle réaction aurait été très coûteuse). Voici la principale leçon à en tirer : dans les activités où la chance et l'imprévisibilité jouent un rôle clé, il est crucial d'appliquer un processus structuré : un processus rigoureux de contrôle des risques, une stratégie d'investissement disciplinée, un processus dans lequel les décisions d'investissement sont prises en groupe afin d'éviter l' « effet gourou », etc.
Mais comment l'appliquer en tant qu'investisseur particulier ?
Ce que les investisseurs professionnels font pour gérer cette imprévisibilité et le facteur chance pourrait également intéresser les investisseurs particuliers. Vous devriez pouvoir retirer de la balance ce que vous ne pouvez pas contrôler, ce qui n'est pas calculable et est imprévisible, quand il se produit. Veillez dès lors à suivre un processus d'investissement :
réfléchissez bien aux objectifs de placement que vous visez. Ne les perdez pas de vue, même en cas d'événements économiques ou de marché inattendus perturbateurs ;
diversifiez au maximum les types, régions, secteurs et thèmes d'investissement. Les événements affectant simultanément tous les actifs d'investissement sont plutôt rares (même pendant la pandémie, il y avait des valeurs refuges). La diversification atténue l'impact des événements imprévus ;
si votre situation personnelle le permet, il est préférable d'investir sur un horizon temporel aussi long que possible. Les événements imprévisibles ont tendance à s'aplanir mutuellement sur le long terme, même s'ils peuvent avoir des conséquences importantes sur des horizons plus courts. À long terme, la probabilité que le portefeuille d'investissement suive la création de valeur de l'économie augmente ;
ayez des attentes réalistes. Les attentes pessimistes et trop optimistes ont toutes deux besoin d'une dose de rationalité ;
gardez une réserve d'épargne afin d'isoler le portefeuille d'investissement des aléas immédiats de la vie et de ne pas avoir à y toucher ;
examinez régulièrement votre portefeuille (faites-le avec votre agent bancaire au moins une fois par an) et procédez aux ajustements nécessaires (par exemple, si la pondération de certaines formes de placement commence à devenir trop importante), et touchez le moins possible à votre portefeuille en dehors de ces discussions régulières. Automatisez les décisions de placement à l'aide d'un plan d'investissement.
Car oui, investir implique un facteur chance, comme nombre d'activités. Et c'est une bonne chose, comme une mauvaise. La bonne chose, c'est qu'investir n'est pas réservé personnes qui veulent y consacrer du temps, des études et de l'énergie. Si c'est possible, ce n'est pas une condition nécessaire à l'obtention de bons résultats.
Il est plus important encore que le facteur chance, ou plutôt l'élément d'imprévisibilité, soit correctement géré en respectant certaines règles et cultivant une attitude spécifique. Pour citer le microbiologiste français Louis Pasteur (une découverte scientifique, un autre domaine où expertise et chance vont de pair), le hasard ne favorise que les esprits préparés.
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Attention : cet article ne constitue nullement un avis de placement au sens du droit financier
1 Michael Mauboussin – The Success Equation, 2012.
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