La BCE annonce la fin de la politique d’achat des obligations

Préparer votre avenir Actualités Investir – 22 juin 2018

La Banque centrale européenne a fait la semaine dernière deux annonces attendues de longue date. L’achat massif d’obligations d’État et d’autres types d’obligations prendra fin en janvier 2019. Le taux d’intérêt à court terme sera maintenu très bas jusque tard dans l’année 2019. L’intérêt sur les comptes épargne restera donc encore très bas pendant un certain temps. Comme l’inflation va certainement grimper lorsque la BCE n’achètera plus d’obligations, il s’agit d’une moins bonne nouvelle pour les épargnants.

Pourquoi cette politique d’achat d’obligations : revenons en arrière

La BCE annonce la fin de la politique d’achat des obligations
C’est également la volonté de la BCE de maintenir des taux à court terme très bas, au moins au-delà de l’été 2019. Les épargnants qui attendaient un taux d’épargne plus élevé ne sont pas au bout de leurs peines. 

En 2012, la Banque centrale européenne lançait déjà un programme destiné à accorder des emprunts bon marché aux banques, mais ce programme était en réalité trop limité pour avoir un effet.  Il en fallait donc davantage. Ce fut le cas en 2015,  lorsque Mario Draghi, le célèbre président italien de la BCE, a lancé ses fameux « Bazookas » sur le marché : des achats illimités d’obligations et d’obligations d’État selon une clé de répartition définie entre les pays, mais aussi des obligations de pays européens défavorisés. Ce programme a engendré les résultats escomptés :

  • L’intérêt, que ces pays devaient payer à des taux élevés pour obtenir des prêts, a diminué. Cette intervention a permis de prévenir le risque de faillite de certains États, ainsi qu’un effet domino sur les marchés financiers.
  • L’achat d’obligations, souvent en la possession des banques européennes, leur a rapporté davantage d’argent. Cela leur a simplifié le prêt d’euros aux particuliers et aux entreprises. Plus d’argent a donc été injecté sur le marché.
  • Les achats d’obligations ont également fait chuter les taux d’intérêt à long terme. Les emprunts à taux fixe sont ainsi devenus plus abordables. Les familles et les entreprises en ont largement tiré parti. Un autre effet positif de cette machine à créer de l’argent fut la baisse de l’euro : tout bonus pour l’économie orientée exportation de la zone euro.

La vie des entreprises européenne s’en est trouvée fortement dynamisée. Une économie qui tourne bien, avec une demande saine de biens et de services, fait grimper l’inflation. C’était également un objectif important de la BCE, chargée de positionner l’inflation aux alentours de 2 %.

En 2016, Draghi est allé encore plus loin. À partir de cette date, il a jeté son dévolu sur les obligations d’entreprise.  C’était du jamais vu et le marché fut donc sous la surprise. De nombreuses entreprises ont ainsi pu refinancer leurs dettes à des taux plus bas.

Vers une fin depuis longtemps annoncée du programme de rachat

En 2017 la BCE a déjà laissé entendre son intention d’abandonner les achats massifs d’obligations. Cette réduction des achats porte le nom de « tapering ». À la mi-juin, la situation est claire puisque  la BCE a arrêté concrètement la date de fin décembre 2018.

Mais la BCE a immédiatement prévu une solution de secours : dès que l’inflation redescend, ou si l’économie ralentit, elle n’hésitera pas à relancer à nouveau le programme.

Lorsqu’elle mettra fin au programme, la BCE affichera environ 2.800 milliards d’euros en obligations au bilan. Si ces obligations expirent, le bilan sera à nouveau réduit et il y aura moins d’argent en circulation sur le marché.

Et le résultat de tout cela ? Eh bien, ça va mieux en Europe. L’économie repart et la croissance est visible. L’inflation tourne autour de 1,4 %, pas encore les 2 % espérés, mais l’inflation négative de 2015 semble être un fantôme du passé.

Cela est-il dû au programme de la BCE ? Certains économistes en doutent. Mais le fait est que la croissance économique est forte et c’est là le plus important.

Que signifie la fin des achats d’obligations pour l’épargnant et l’investisseur ?

Dès que la BCE va serrer les cordons de la bourse, l’offre d’obligations d’État va augmenter sur le marché. Cela entraînera une chute du cours des obligations et une hausse des taux d’intérêt à long terme. Les crédits hypothécaires à taux fixe suivent les taux d’intérêt à long terme et vont donc en principe augmenter. D’autre part, les comptes à terme vont également offrir un taux quelque peu plus élevé.

Ce qui est frappant dans la déclaration de la BCE, c’est la volonté de maintenir des taux à court terme très bas, au moins au-delà de l’été 2019. Le marché s’attendait plutôt à une augmentation à partir de juin 2019,  mais cela n’est donc pas le cas. Les épargnants qui attendaient un taux d’épargne plus élevé ne sont pas au bout de leurs peines. Le rendement des comptes épargne reste en effet douloureusement bas. Aujourd’hui, l’inflation est plus élevée et va encore augmenter, puisque l’achat massif d’obligations ne sera plus possible très longtemps. La suite logique est qu’aujourd’hui, toute personne qui épargne va y perdre : la valeur de l’épargne va diminuer.

Stratégie d’investissement et répartition du portefeuille

Les chiffres des enquêtes sur l’emploi et la confiance des entrepreneurs renforcent notre affirmation que le cycle de croissance global ne sera pas entravé par les données décevantes sur les dépenses des consommateurs. La croissance économique et la croissance bénéficiaire des entreprises se trouvent actuellement au-dessus des prévisions pour les tendances sur le long terme.

La hausse des taux d’intérêt sur le long terme aux États-Unis, qui s’élèvent désormais à plus de 3 %, va sans doute stagner temporairement. En ce moment, il semblerait que l’impact sur les actions soit limité, actions qui restent toujours nos favorites dans un environnement de croissance mondiale.

•             Actions

Nous restons à l’aise avec un poids plus important des actions. Les perspectives de gains restent favorables. Les gains ont augmenté de 24 % aux États-Unis grâce à un environnement économique sain, de hautes marges et un soutien sous forme de réformes fiscales et de prix des matières premières. En général, les valorisations en bourse se situent désormais au niveau de la moyenne sur le long terme.

•             Obligations

L’accent est toujours porté sur les termes courts, bien que les taux d’intérêt sur le long terme aux États-Unis pourraient demeurer stables sur le court terme. La différence de rendement entre les obligations d’État américaines et allemandes n’a jamais été aussi grande depuis les années 1980. Les obligations émises par les pays d’Europe du sud subissent une pression, mais peuvent présenter un moment d’entrée si la situation politique, notamment en Italie, se stabilise.

En ce qui concerne les obligations d’entreprise, les obligations à grands taux d’intérêt avec un risque élevé restent les plus intéressantes.

Source : AXA Investment Managers, juin 2018

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