Crise en Ukraine : conséquences pour les marchés et l’économie mondiale

Préparer votre avenir Actualités Investir – 08 mars 2022

L'invasion russe de l'Ukraine cause un lourd tribut, avec des conséquences humaines particulièrement dramatiques. Les bourses du monde entier réagissent nerveusement, avec de fortes corrections et de fortes hausses. L'invasion et les sanctions imposées pèsent sur l'approvisionnement mondial en énergie, sur celui des matières premières spécifiques et sur le commerce mondial. Par conséquent, l’inflation risque d’empirer. Les banques centrales sont prises en étau entre le relèvement des taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation et l'apport d'oxygène à une économie qui semble se refroidir. Analyse d'AXA Investment Managers.

Les sanctions sévères contre la Russie touchent aussi le reste du monde

Macro économie mars 2022 
L'invasion de l'Ukraine par la Russie prend les banques centrales en étau : doivent-elles relever les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation ou fournir de l’oxygène à une économie qui semble se refroidir ?

Le président russe Poutin a franchi un cap que personne n’osait encore envisager il y a quelques semaines. Le Donbass, cœur d’une guerre civile depuis plusieurs années entre séparatistes russes et ukrainiens, a incité Moscou à lancer une attaque massive dans un pays voisin pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Le conflit armé s'est depuis étendu à Kiev, Kharkiv et au sud de l'Ukraine.

La réponse internationale fut sans équivoque, sanctionnant fortement la Russie. Les réserves de change de la banque centrale Russe à l’étranger ont ainsi été gelées tandis que plusieurs banques du pays ne pourront plus utiliser SWIFT, le réseau de paiement international. Les entreprises et personnalités proches du Kremlin sont elles aussi touchées par des sanctions et des gels de leurs avoirs.

Au-delà des sanctions économiques, cette invasion russe a déclenché des réactions fortes, en particulier sur la politique de défense européenne mais aussi vis-à-vis de la dépendance au gaz russe.

Cette crise aura un impact certain sur l’inflation et, par ricochet, sur l’activité économique, même si cela dépendra probablement de la durée du conflit. Dernière inconnue : la position des banques centrales. Elles font face à un risque d’inflation encore plus élevé dans les prochains mois, mais aussi un risque de dégradation de la demande domestique. Les réunions de la BCE (banque centrale européenne) et de la Fed (Réserve fédérale américaine) en mars seront clés.

Cette crise aura un impact certain sur l’inflation et, par ricochet, sur l’activité économique. Dernière inconnue : la position des banques centrales. Les réunions de la BCE et de la Fed en mars seront clés.

L’impact de ce conflit aux États-Unis 

Les États-Unis sont moins exposés au conflit en Ukraine mais la hausse des prix énergétiques devrait peser sur sa consommation privée. Même si les enquêtes du mois de février ne prennent pas encore en compte l’impact du conflit, elles furent robustes.

Les indices PMIs (Purchasing Managers' Index pour indices des directeurs d’achat) ont rebondi dans le secteur manufacturier (57,5 contre 55,5) et dans les services (56, contre 51,2), tandis que la confiance des ménages reste élevée à 110,5 (contre 111,1 en janvier). Le marché du travail poursuit sa progression et le taux de chômage atteint désormais 4 %. Les salaires continuent de progresser à un rythme important (+0,7 % en glissement mensuel en décembre) alimentant les pressions inflationnistes. Cette dernière s’est établie à 7,5 % en glissement annuel en janvier et pourrait rester élevée pendant plusieurs mois à cause du renchérissement des prix de l’énergie. Cela complique la tâche de la Fed qui doit éviter que les anticipations d’inflation s’ancrent structurellement au-dessus de 2 %.

Un relèvement des taux directeurs dès mars est très probable mais la Fed devrait se contenter d’une hausse de 25 points de base. En réponse aux risques de détérioration de l’activité économique, nous pensons que la Fed adoptera une normalisation plus graduelle (4 hausses de taux en 2022).

Unanimité dans la zone euro

En zone euro, la proximité du conflit et la dépendance européenne au gaz russe sont autant de sujets qui ont émaillé les discussions sur les sanctions à adopter. Une fois encore, c’est principalement la consommation privée qui sera impactée, via une baisse du pouvoir d’achat.

Après une activité économique en berne au 4e et au 1er trimestre, les perspectives de croissance restent bien orientées pour les prochains trimestres mais seront en deçà de ce que nous anticipions voici quelques semaines. Cela complique considérablement la tâche pour la BCE qui se réunit le 10 mars, d’autant plus que l’inflation a encore progressé en février par rapport à janvier (5,8 % après 5,1 %). Le contexte (très) incertain devrait inciter la BCE à garder le maximum de flexibilité pour agir si nécessaire, à la fois pour soutenir l’activité mais aussi pour éviter une fragmentation des conditions financières. 

On a par ailleurs assisté à plusieurs changements majeurs qui pourraient redessiner la politique européenne des prochaines années. L’Allemagne a annoncé augmenter ses dépenses militaires, prolonger l’usage de ses centrales nucléaires et au charbon pour substituer une partie des importations de gaz tout en accélérant la transition énergétique. Au niveau fiscal, la prolongation de la suspension des règles budgétaires a également été évoquée.

Royaume-Uni : quelles conséquences à la suite des sanctions ?

Le Royaume-Uni est aussi en première ligne des sanctions tandis que le coût économique se mesurera en fonction du renchérissement des prix énergétiques. Le gouvernement devrait prolonger son soutien aux ménages les plus exposés. Les enquêtes pour février ont globalement surpris à la hausse. Une nouvelle hausse de taux en mars n’est dès lors pas exclue, même si nous pensons que la Banque d’Angleterre attendra jusque mai. 

L’Extrême-Orient est divisé

La Chine a pour l’instant choisi la neutralité vis-à-vis de la Russie. L’impact économique de cette crise devrait se limiter à une hausse des prix énergétiques, mais Pékin compte sur sa proximité avec la Russie pour amoindrir ce choc. En effet, les importations chinoises d’énergie en provenance de Russie sont importantes (14 %) et ont vocation à augmenter au cours des prochaines années.

Au Japon, le gouvernement a également décidé d’imposer une pression forte sur la Russie. La hausse des prix de l’énergie pourrait contrarier le rebond attendu de l’activité au deuxième trimestre alors que les données au premier trimestre restent faibles, impactées par le variant Omicron. L’utilisation des réserves de pétrole, évaluées à 240 jours par le premier ministre, pourrait permettre d’amortir un peu la pression sur les prix.

Article écrit sur la base des informations disponibles au 03/03/2022.

Attention : cet article ne constitue nullement un avis de placement au sens du droit financier.

 

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