La Banque centrale européenne : quel est son rôle et comment influence-t-elle l’économie européenne ?

Préparer votre avenir Investir Budget Actualités Corona – 13 octobre 2020

Les banques centrales jouent un rôle crucial dans le développement de l'économie. Mais quel est ce rôle ? En Europe, il s'agit de la Banque centrale européenne, la BCE. Comment peut-elle influencer l'économie européenne ?

La Banque centrale européenne (BCE)

fonction BCE
La Banque centrale européenne peut influencer les taux d'intérêt à court et à long terme.

L'Union européenne compte 7 institutions importantes. La Banque centrale européenne - la BCE en abrégé - est l'une d'entre elles. Elle a été fondée en 1998 et est située à Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Christine Lagarde en est la présidente depuis 2019. Elle a succédé à Wim Duisenberg, Jean-Claude Trichet et Mario Draghi.

La BCE a un mandat spécifique : « la stabilité des prix » dans la zone euro. Les prix des biens et des services ne doivent pas trop augmenter (inflation), ni trop baisser (déflation), ni fluctuer trop brusquement. Concrètement, la BCE doit viser une inflation annuelle inférieure à, mais toujours proche de, 2% à moyen terme.

Ce chiffre n'a pas été choisi au hasard. Avec un taux d'inflation légèrement inférieur à 2%, l'histoire montre que les consommateurs continuent de consommer avec confiance et que l'économie fonctionne souplement, et non pas qu'elle se « refroidit » ou se « réchauffe ».

Le BCE pilote l’inflation en influençant le taux d’intérêt à court terme et le taux d’intérêt à long terme.

La BCE peut influencer le taux d’intérêt à court terme

Le taux d'intérêt à court terme (intérêt jusqu'à un an) est déterminé par l'offre et la demande sur les marchés financiers. La banque centrale peut (co)déterminer l’évolution du taux d'intérêt à court terme. Comme la BCE (et par extension toutes les banques centrales) fixe le taux d'intérêt auquel les banques peuvent lui emprunter de l’argent à court terme, le taux d'intérêt à court terme est donc un instrument politique puissant pour ramener l'inflation juste en dessous de 2%. Comment procède-t-elle ?

Comment la BCE gère-t-elle le taux d’intérêt à court terme ?

  • Supposons que l'inflation soit bien inférieure à 2%. La BCE réduira alors les taux d'intérêt à court terme. Il deviendrait alors moins coûteux pour les banques d'emprunter à la BCE. Les intérêts que ces banques devront payer à la BCE vont diminuer.
  • Cela permet aux banques de baisser le taux d'intérêt auquel elles peuvent prêter de l'argent aux consommateurs ou aux entreprises, à court terme. Il devient donc plus intéressant d'emprunter.
  • En conséquence, l'on emprunte davantage pour financer les investissements. Et cela stimule l'économie.
  • La BCE peut donc donner un coup de fouet à l'économie grâce à sa politique de taux d'intérêt à court terme. Et en stimulant l'économie, elle peut aussi stimuler l'inflation. La boucle est donc bouclée.
  • À l'inverse, si l'inflation est trop élevée, elle peut faire monter le taux d'intérêt à court terme. Emprunter coûte alors plus cher, et donc on emprunte moins, ce qui ralentit l'économie, et fait baisser l'inflation.
  • En résumé, pour la BCE, le taux d'intérêt à court terme est un instrument puissant pour pousser l'inflation vers les 2% imposés par son mandat.
Pour la BCE, le taux d'intérêt à court terme est un instrument puissant pour pousser l'inflation vers les 2% imposés par son mandat.

Et le taux d’intérêt à long terme ?

Le taux d'intérêt à long terme est le taux d'intérêt supérieur à 1 an, généralement avec une durée de 10 ans. Ce taux d'intérêt est déterminé par l'offre et la demande sur les marchés obligataires, c'est-à-dire les obligations d'État. Dans la zone euro, l'obligation de référence à 10 ans est celle de l'Allemagne. Elle est également appelée « Bund ».

La BCE ne peut pas fixer ce taux d'intérêt à long terme, mais la banque centrale l’influence.

Quel impact la BCE peut-elle exercer sur le taux d’intérêt à long terme ?

Supposons qu'un pays soit économiquement sain et souhaite attirer de l'argent pour investir davantage. De nombreux investisseurs se montreront intéressés parce qu'il s'agit d'un investissement sûr. À un taux d'intérêt bas, car la demande est forte.

Inversement, si ce pays est moins solide économiquement, la demande pour des obligations dans ce pays sera moindre, et il devra donc payer plus d'intérêts pour attirer les investisseurs. Il « compensera » ainsi le risque. Et c'est un problème, car un tel pays aura justement besoin d'argent pour remonter la pente.

En conséquence, les pays économiquement plus faibles peuvent tomber dans une spirale négative, dont ils peuvent mettre des décennies à sortir.

Ainsi, plus un pays est en bonne santé, plus il peut attirer facilement les investisseurs, moins il doit payer d'intérêts et donc, plus il peut investir dans l'économie. Et plus il y a d'investissements dans l'économie, plus l'inflation peut augmenter.

L’intérêt qu'un pays doit payer sur ses obligations est également appelé « prime de risque ». L'intérêt est alors la prime que vous recevrez pour avoir pris le risque d'investir dans ce pays en souscrivant à ses obligations.

Maintenant que nous savons ce qu’est le taux d’intérêt à court terme et le taux d’intérêt à long terme, reste la question :
“ Comment la BCE impacte-t-elle le taux d'intérêt à long terme ? Ou encore : et si le taux d'intérêt à court terme est déjà très bas et si l'inflation est également très faible, comment la BCE va-t-elle stimuler l'économie ? Ne va-t-il pas y avoir un blocage ? ”
Pour y répondre, nous allons présenter brièvement l’arme ultime des banques centrales.

L’arme ultime de la BCE

  • L'arme ultime de la banque centrale est sa capacité à créer de la monnaie à partir de rien. Juste quand elle le juge nécessaire. On dit alors que la BCE « actionne la planche à billets », qu'elle « imprime de l’argent ». Mais ce n'est pas de l’argent papier, mais de l’argent numérique.
  • La banque centrale inscrit cet argent numérique à son bilan en tant que « dette ». Ce qui est particulier, c'est que cette dette n'a pas à être « remboursée ». Il n'y a pas de contrepartie à qui cet argent est emprunté, car la BCE a créé l'argent elle-même. Il n'y a pas non plus d'intérêts à payer.
  • Cependant, imprimer de l'argent ne signifie pas qu'on peut le ramasser dans la rue. Le consommateur ne voit rien de tout cela...
  • Les banques centrales utilisent cet « argent frais » pour acheter des obligations aux gouvernements ou - et c'est nouveau depuis la crise du corona - aux entreprises.
  • La BCE s'assure donc qu'il y a un « acheteur » pour ces entreprises ou gouvernements, qui achète leurs obligations. Ainsi, ces entreprises ou gouvernements n'ont pas à frapper à la porte d'autres acteurs du marché pour vendre leurs obligations, en échange desquelles elles doivent payer des taux d'intérêt élevés (ou très élevés). Grâce à cet acheteur, le taux d'intérêt de ces obligations diminue.
  • Et c'est là le but ultime des banques centrales : abaisser le taux d'intérêt, de sorte que les pays et les entreprises puissent émettre des emprunts avec un taux de remboursement plus faible, afin que leurs dettes n'augmentent pas davantage et qu'ils puissent eux-mêmes emprunter à des taux d'intérêt bas et ainsi investir « à bon marché ».
  • Les investissements fournissent du travail et donc des emplois. Les emplois créent plus de consommation parce que les gens gagnent de l’argent, ce qui à son tour ... stimule l’inflation... et la BCE peut ainsi remplir son mandat.

La BCE et la crise du corona

La BCE a joué un rôle décisif dans le sauvetage du système financier à plusieurs reprises au cours de son histoire récente. Tout récemment encore, lors de la crise du Covid. La BCE répète qu’elle veut tout faire pour sauver le système.

« Les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire. Il n’y a pas de limites à notre engagement envers l’euro. Nous sommes résolus à mettre à profit le plein potentiel de nos outils dans le cadre de notre mandat » Christine Lagarde

Concrètement, la BCE a lancé le Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP). Dans le cadre de ce programme, elle dispose d'un budget de 1350 milliards d'euros pour acheter des obligations d'entreprises. Et encore une fois, les mots sont importants. La BCE souligne que ce n'est pas le plafond, qui peut être augmenté si nécessaire. En tout cas, la BCE injecte de l'argent frais dans le système, 1350 milliards. Le faible taux d'inflation, bien inférieur à 2% surtout, est une véritable épine dans son pied. Il y a même un risque de déflation, mais on n’en est pas encore là aujourd'hui.

Avec cette énorme création de monnaie, elle espère ramener l'inflation vers les 2% dans quelques années. Par l'achat d'obligations et l'octroi de prêts bon marché aux banques, la BCE pousse les taux d'intérêt vers le bas. Elle fait donc tout ce qui est en son pouvoir pour stimuler les prêts des banques aux familles et aux entreprises. Les prêts bon marché font investir, et l'investissement crée des emplois, et les emplois font consommer, etc.

La politique de la BCE, fonctionne-t-elle ?

Depuis la crise financière de 2008, la BCE s’est pleinement engagée à pousser l’inflation à 2%. Lagarde a récemment cité quelques chiffres à ce sujet. Au début de l'euro en 1999 et au début de la grande crise financière en 2008, l'inflation était en moyenne de 2,3%.

Depuis 2008, à ce jour, le BCE a acheté environ 3 400 milliards d’euros de dette publique et d’entreprise. L'inflation est désormais en moyenne de 1,2% et se trouve donc loin de l'objectif d'un peu moins de 2%.

Selon l’EBC, la faible inflation est due à la mondialisation du monde ou les prix sont serrés, parce que nous vivons dans un monde technologique ou les prix sont serrés, etc.

Il y a donc une demande croissante, également au sein de la BCE d’assouplir l’objectif de 2%, en ligne avec la banque centrale américaine.

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